
Gurdjieff et l'éveil de l'être : un Socrate du XXe siècle
La Quatrième Voie Gurdjieff l'a condensée au fil de ses voyages et de ses rencontres avec les traditions spirituelles anciennes, se présente comme un système qui s'apprend non seulement par l'esprit, mais aussi par la chair, le corps dansant et devenant un véhicule de connaissance. En ce sens, Gurdjieff se présente comme un Socrate contemporain, un philosophe qui ne se contente pas de proposer des doctrines, mais qui bâtit une école capable de déstabiliser les certitudes et d'ouvrir les portes d'une transformation intérieure. Les êtres humains, disait-il, sont des machines conditionnées par des influences extérieures, planétaires et sociales, et c'est précisément pour cette raison qu'ils doivent apprendre à mourir à eux-mêmes, à reconnaître leur propre torpeur et à renaître à une conscience nouvelle. À une époque marquée par des révolutions politiques et culturelles, Georges Ivanovitch Gurdjieff apparaît comme une figure qui remet en question les catégories traditionnelles de la philosophie et de la spiritualité, un maître qui ne se contente pas de transmettre des concepts abstraits, mais qui vise à ébranler l'être humain dans sa totalité, le forçant à se confronter à son propre état de torpeur et à la nécessité d'un éveil radical. Son arrivée dans la Russie prérévolutionnaire , avec ses spectacles de danse et ses groupes d'étude, n'était pas un simple épisode d'ésotérisme, mais plutôt le début d'un voyage visant à révéler la fausseté des personnalités construites et à encourager l'émergence d'une essence authentique, capable d'harmoniser l'intellect, l'émotion et l'instinct.
Son rejet des normes académiques et sa propre définition de « farceur sacré » ont empêché sa pensée de pénétrer les débats philosophiques dominants, notamment en Italie, où son influence est restée cantonnée aux cercles spirituels et artistiques. Pourtant, la force de son enseignement réside précisément dans sa capacité à intégrer les dimensions rationnelle, émotionnelle et motrice, évitant ainsi de réduire l'homme à un fragment, à un moi dispersé. Ce n'est pas un hasard si, aujourd'hui, nombre de ses intuitions sont confirmées par les neurosciences, qui reconnaissent la pluralité des états de conscience et la nature fragmentaire du moi comme des éléments constitutifs de la psyché.
Son héritage le plus manifeste se trouve dans l'art : de la musique de Franco Battiato, Keith Jarrett et Robert Fripp au théâtre de Jerzy Grotowski et Peter Brook , la pensée de Gurdjieff a trouvé un terrain fertile dans les pratiques créatives, où la dimension expérientielle et corporelle a pu accueillir son enseignement le plus radical. Cependant, réduire Gurdjieff à une simple source d'inspiration artistique reviendrait à négliger la portée philosophique de son message , qui nous invite à prendre conscience de notre état de torpeur et à entreprendre une évolution qui n'est jamais purement individuelle, mais qui concerne l'humanité entière.
la pensée de Gurdjieff est plus pertinente aujourd'hui que jamais : elle nous rappelle que la véritable émancipation ne consiste pas à multiplier les opinions ni à suivre les tendances culturelles, mais à accomplir un travail intérieur qui intègre la raison, l'émotion et l'instinct, rendant ainsi aux êtres humains la possibilité de devenir ce qu'ils sont vraiment.
Parmi toutes les convictions qui se sont formées dans ma « présence intégrale » au cours de ma vie responsable, singulièrement ordonnée, il en est une inébranlable : tous les hommes, quel que soit leur stade de développement, leur compréhension, et quelle que soit la forme que prennent les facteurs qui éveillent en eux des idéaux de toutes sortes, ressentent, toujours et partout sur terre, le besoin de prononcer à haute voix, ou du moins intérieurement, lorsqu'ils entreprennent quelque chose de nouveau, une invocation compréhensible par tous, même par le plus ignorant, dont les mots ont évolué au fil des siècles jusqu'à dire aujourd'hui : « Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen. » C'est pourquoi moi aussi, devant me lancer dans une aventure entièrement nouvelle comme celle d'écrire un livre, je commence par cette invocation et la prononce clairement, ou plutôt, pour reprendre les termes des anciens Tulosites, « avec une intonation haute et solennelle ». Dans la mesure, bien sûr, que les données déjà formées dans ma présence intégrale et fermement enracinées en elle le permettent : c’est-à-dire les données qui se forment dans la nature humaine durant l’âge préparatoire et qui, plus tard, au cours de sa vie responsable, déterminent le caractère et la force vivifiante de cette intonation. Après de tels débuts, je peux être assuré – et je devrais même, selon les conceptions que nos contemporains ont de la « morale religieuse » – que dans ma nouvelle entreprise, « tout se déroulera à merveille ». En bref, voilà comment je commence. Et pour le reste, je ne peux que répéter à l’aveugle : « On verra bien ! »
Les contes de Belzébuth à son petit-fils :
une critique objectivement impartiale de la vie humaine

Dans l’horizon vaste et souvent déroutant de la modernité, où les voix se chevauchent et où les certitudes semblent se dissoudre dans un océan d’opinions éphémères, la figure de Georges Ivanovitch Gurdjieff se détache comme un rappel à la fois sévère et libérateur, une invitation à reconnaître que la vie humaine ne peut se réduire à une succession de gestes mécaniques et d’habitudes inconscientes, mais exige plutôt un travail incessant d’éveil, un exercice de présence intégrale qui embrasse la totalité de l’être et redonne sa dignité au temps qui nous est donné à vivre.
Loin d'être un système clos ou une doctrine à assimiler passivement, sa philosophie se présente comme un cheminement, un processus de transformation exigeant discipline, introspection et la capacité de reconnaître son propre état de torpeur intérieure, afin d'entreprendre avec courage le difficile voyage vers l'éveil. En ce sens, Gurdjieff ne propose ni une morale extérieure, ni un ensemble de règles à suivre pour se conformer à un idéal abstrait, mais une pratique concrète, ancrée dans la responsabilité personnelle et se déployant au quotidien, où chaque geste, même le plus simple, peut devenir une occasion d'éveil et d'invocation du sacré.
L'homme et sa présence intégrale
Il nous rappelle que si l'homme ne travaille pas sur lui-même, il reste prisonnier d'automatismes qui le rendent semblable à une machine , incapable de choisir et de vivre authentiquement ; mais s'il accepte l'effort du travail intérieur , s'il s'engage à unifier le corps, l'esprit et les émotions dans un équilibre dynamique , alors il peut accéder à cette liberté qui ne consiste pas à faire ce que l'on veut, mais à devenir pleinement présent à ce que l'on est .
Ainsi, sa voix résonne encore aujourd'hui comme un avertissement et une promesse : un avertissement contre la distraction et l'inertie qui nous éloignent de nous-mêmes, la promesse d'une vie qui, malgré son imprévisibilité, peut être vécue avec intensité et conscience, pourvu que nous ayons le courage de prononcer, au début de chaque entreprise, une invocation qui ne soit pas une simple formule rituelle, mais un signe tangible de la volonté de s'éveiller.
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