
La culture derrière les barreaux et le paradoxe de la peur : jeter la clé
Certains applaudissent la menée par l'administration pénitentiaire , convaincus que l'interdiction des ateliers artistiques, des clubs de lecture et des programmes sportifs dans les unités de haute sécurité est un acte de fermeté. « Assez de privilèges pour les prisonniers ! », s'exclament-ils. « Ceux qui ont commis des erreurs doivent payer, et payer le prix fort . » C'est le discours d'un pays qui s'illusionne en se défendant par la fermeture de ses portes – en jetant la clé – et qui confond justice et vengeance. Pourtant, si l'on se met à la place du diable, la question devient inévitable : une prison qui étouffe la culture est-elle vraiment plus sûre ?
La logique de la suspicion
La circulaire qui centralise toutes les initiatives culturelles à Rome part d'un principe : contrôler, c'est prévenir . Or, elle engendre une stagnation qui anéantit des mois de travail, des projets associatifs et l'énergie des bénévoles . C'est comme si la culture était perçue comme un risque , une faille par laquelle la fragilité de l'État pourrait s'infiltrer. Le paradoxe est flagrant : on craint qu'un livre, un atelier de théâtre ou un match de football ne menacent davantage la sécurité que l'oisiveté , la frustration et l'isolement .
Les mathématiques de la récidive
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : le taux de récidive des personnes participant à des activités culturelles chute à 2 % , contre une moyenne de 66 % . Mais on pourrait rétorquer : « La prison n'a pas pour vocation d'éduquer, mais de punir. Si la récidive diminue, tant mieux ; sinon, qu'il en soit ainsi. L'essentiel est de démontrer la force de l'État . » Cette position apparemment inflexible révèle pourtant une fragilité : la crainte que la culture ne redonne de la dignité à ceux qui voudraient être anéantis . C'est la crainte que la prison cesse d'être un lieu d'expiation aveugle pour devenir un laboratoire de transformation .
Le mythe de « jeter la clé »
Derrière le discours du « jeter la clé » se cache un besoin collectif de boucs émissaires . Les détenus deviennent des miroirs déformants sur lesquels projettent la culpabilité et les insécurités sociales . L'avocat du diable dirait : « Mieux vaut les garder enfermés et silencieux, pour qu'ils ne perturbent pas l'ordre . » Mais ce choix est contre-productif : une prison qui n'éduque pas ne renvoie à la société que des individus plus en colère, plus aliénés et plus dangereux .
Jusqu'au dernier souffle
Le véritable enjeu n'est pas de décider si les prisonniers méritent un atelier d'écriture ou une partie de volley-ball . Il s'agit de comprendre si, en tant que société, nous avons le courage de reconnaître leur humanité . Se mettre à leur place nous oblige à affronter la contradiction : ceux qui invoquent une sécurité absolue alimentent en réalité l'insécurité. Ceux qui étouffent la culture favorisent la récidive . Ceux qui ferment des portes ouvrent en réalité les fenêtres au ressentiment .
La culture carcérale n'est pas un privilège, c'est un investissement. C'est l'occasion de transformer le souffle de ceux qui ont commis des erreurs en un souffle de vie nouvelle, non plus de violence, mais de renaissance. Et si nous voulons vraiment la sécurité, nous devons avoir le courage d'admettre que la clé n'est pas pour verrouiller, mais pour ouvrir.
Le paradoxe de la peur : pourquoi la culture est de l’oxygène et non une menace
On craint qu'un livre, un atelier de théâtre ou un match de football ne menacent davantage la sécurité que l'oisiveté, la frustration et l'isolement. C'est un renversement de logique grotesque : comme si la parole était plus dangereuse que le silence, comme si la créativité était plus subversive que la résignation.
La culture comme souffle vital
La culture n'est ni un luxe ni un privilège. Elle insuffle de l'oxygène à une société menacée d'asphyxie. En prison , un atelier d'écriture devient une porte vers la liberté intérieure, une pièce de théâtre un exercice d'empathie, un match de football une pratique de la coexistence. Dans la société , la culture est ce qui empêche de sombrer dans le ressentiment, l'ignorance et la peur. Là où elle fait défaut, les stéréotypes, les simplifications et les boucs émissaires prolifèrent.
Le véritable risque : le manque de culture
Ceux qui craignent la culture la confondent avec la fragilité de l'État. Mais le véritable risque est l'absence de culture : l'oisiveté engendre l'aliénation, la frustration alimente la colère, l'isolement conduit à la récidive. Une prison qui étouffe la culture ne produit pas des individus paisibles, mais des corps plus en colère et des esprits plus fermés.
La culture comme investissement dans la sécurité
Les données le prouvent : le taux de récidive des personnes participant à des activités culturelles chute à 2 %, contre une moyenne de 66 %. Il ne s’agit pas d’un simple détail statistique ; c’est une révolution silencieuse. La culture n’affaiblit pas la sécurité, elle la renforce. Elle n’ouvre pas la porte au danger, mais tisse des liens vers la renaissance.
Une injection nécessaire à tous les niveaux
Il ne suffit pas d'introduire la culture dans les prisons : il nous faut une diffusion continue et généralisée de celle-ci, à travers les écoles, les quartiers et les institutions. Dans les écoles , pour prévenir la marginalisation. Dans les quartiers , pour transformer les espaces dégradés en lieux de vie communautaire. Dans les institutions , pour rappeler que gouverner, ce n'est pas punir, mais éduquer.

Le paradoxe est flagrant : ceux qui étouffent la culture par peur ne font qu’alimenter ce qu’ils redoutent. La culture n’est pas un risque à contenir, mais une bouffée d’air frais à multiplier. Elle est le seul remède à l’oisiveté, à la frustration et à l’isolement. Elle est la seule clé qui n’enferme pas, mais ouvre.
QUE PRÉVOIT LA CONSTITUTION ?
La Constitution italienne établit que la punition n'est pas une vengeance, mais une rééducation : un principe incontestable qui rend la culture en prison non seulement légitime, mais nécessaire.
Article 27 de la Constitution : le cœur de la pensée rééducative
Le paragraphe 3 de l'article 27 de la Constitution italienne stipule :
« Les peines ne sauraient consister en un traitement contraire à l’humanité et doivent viser la rééducation du condamné. »
Ce principe est non négociable . Il ne s'agit ni d'une opinion , ni d'une concession : c'est une obligation constitutionnelle . La rééducation n'est pas une option, mais la finalité même de la sanction. Et la culture – qu'il s'agisse d'un livre, d'un atelier de théâtre ou d'un match de football – est l'un des outils les plus efficaces pour y parvenir.
La prison n'est pas une zone libre
Comme le souligne le ministère de la Justice, la détention restreint la liberté, mais n'abolit pas les droits fondamentaux . L'article 2 de la Constitution garantit les droits inviolables de l'homme, même « au sein des groupes sociaux où s'exprime sa personnalité », et la prison en fait partie.
La dignité d'une personne détenue est protégée par la Constitution. Elle ne peut être suspendue, ignorée ni subordonnée à la poursuite d'un but vengeur ou à la propagande..
Une pensée incontestable
Si la Constitution exige humanité et rééducation, alors tout obstacle à la culture en prison constitue un obstacle à la légalité constitutionnelle . Il ne s'agit pas seulement d'une question éthique ou pédagogique : c'est une question de droit.
Bloquer les activités culturelles, c'est trahir le mandat constitutionnel. C'est choisir l'oisiveté, l'isolement et la récidive plutôt que la dignité, la transformation et une véritable sécurité.
La culture est la Constitution incarnée.
Un atelier d'écriture n'est pas un privilège. C'est la mise en œuvre de l'article 27. Un groupe de lecture n'est pas une concession. C'est l'exercice du droit à la rééducation . Un match de football n'est pas une échappatoire. Il fait partie intégrante du processus de réinsertion sociale .
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