Thomas Dhellemmes : le chemin comme image, l'image comme destin

12.12.2025

Tous les artistes ne cherchent pas à arrêter le cours du temps : certains le poursuivent comme une bête sauvage, d'autres le traversent comme un fleuve impétueux. Thomas Dhellemmes appartient à cette seconde lignée : sa photographie n'est pas un acte de fixation, mais de mouvement. Il n'immobilise pas l'instant, il le met en mouvement. Il ne le préserve pas, il le relance. Son regard n'est pas celui d'un gardien, mais celui d'un voyageur . Chaque image est un pas, chaque Polaroïd une pierre blanche jalonne le chemin . Point de nostalgie, mais une tension vers l'inconnu : la photographie devient ainsi un acte de recherche, un exercice de perte et de redécouverte. Ainsi, Pierres Blanches n'est pas un recueil de souvenirs, mais un atlas de trajectoires . Non pas une archive du passé, mais un laboratoire du présent. Dhellemmes ne photographie pas pour arrêter le flux : il photographie pour démontrer que le flux lui-même est la substance de la vie.


Dans Pierres Blanches, on assiste non pas à une simple collection d’images, mais à un véritable voyage existentiel. Chaque Polaroïd devient un fragment de ce voyage, une trace laissée sur la terre et dans la mémoire, comme si la photographie était à la fois un geste de survie et de révélation. Dhellemmes ne cherche pas à saisir le monde dans une image définitive : il le traverse, l’interroge, le laisse s’écouler. Sa pratique compulsive de collage, de découpage et d’assemblage n’est pas un exercice esthétique, mais une manière de donner forme au désordre de la vie, de transformer l’ambiguïté et l’échec en traces nécessaires .

Ainsi, les paysages qu’il traverse – des plages solitaires de Normandie aux falaises de Bornholm, des ciels gris du Nord aux terres lumineuses de la Méditerranée – deviennent le reflet d’un voyage intérieur. Chaque photographie est une pierre blanche, un talisman qui indique non pas le chemin du retour, mais la possibilité de poursuivre la quête. 



© Thomas Dhellemmes / Avec l'aimable autorisation de la galerie Polka 


Il y a des artistes qui photographient pour suspendre le temps, et d'autres qui le poursuivent. Thomas Dhellemmes appartient à cette dernière catégorie : son œuvre est un pèlerinage visuel, un fil de miettes qui ne mène pas à un retour, mais à une désorientation continue et féconde.

L’exposition Pierres Blanches , présentée par la galerie Polka et accompagnée du livre publié par Filigranes , réunit vingt années de voyages solitaires. Thomas Dhellemmes traverse des paysages oscillant entre mélancolie et révélation : les plages désertes de Normandie, les brouillards d’Europe du Nord, les falaises japonaises de Teshima , les côtes méditerranéennes. Chaque image est un talisman, une pierre blanche jalonne le chemin d’ un petit Tom Pouce contemporain , incapable de cesser de chercher sa propre voie.

Le choix du médium photographie instantanée – n’est pas une fantaisie nostalgique, mais un acte radical. Le Polaroid, avec sa chimie instable et ses bords imparfaits, devient pour Dhellemmes un champ de tension : violence et fragilité, dureté et échec. Comme dans Cy Twombly , l’imperfection devient langage, la matière elle-même devient pensée. Chaque cliché est un fragment qui s’ouvre à de nouvelles métamorphoses : du positif au négatif, du papier à l’obscurité de la chambre noire, dans un cycle qui transforme l’instant en durée.

Mais ce qui frappe, au-delà de la technique, c'est la dimension existentielle. Dhellemmes photographie comme il respire : compulsivement, avec ce besoin impérieux de collecter et de coller des images, même les plus « ambiguës », les fragments, les échecs. Point de sélection rassurante, mais plutôt une archive de fragilité qui devient mémoire vivante. En ce sens, Pierres Blanches est plus qu'une simple exposition : c'est un journal de survie, un message laïque qui métamorphose le paysage en prière.

« C’étaient des moments heureux, et je me sentais vivant », confie l’artiste. C’est peut-être là la clé : la photographie comme preuve d’existence, comme témoignage d’un passage. Les pierres blanches qui apparaissent dans ses images ne sont pas des signes de retour, mais de résistance. Elles sont les vestiges d’un voyage qui ne s’achève jamais, mais se renouvelle sans cesse.

À une époque où la photographie risque de se réduire à une consommation rapide et décorative, Dhellemmes nous rappelle qu'elle peut encore être un acte de foi : fragile, instable, mais nécessaire. Pierres Blanches est ainsi une invitation à traverser le temps, à s'arrêter dans l'instant, à reconnaître que la beauté n'est jamais définitive, mais toujours en équilibre entre perte et révélation. Pierres Blanches est présentée par la galerie Polka et accompagnée d'un ouvrage publié par Filigranes . L'exposition réunit vingt années de voyages solitaires de Thomas Dhellemmes et sera ouverte tout l'hiver jusqu'à fin janvier, transformant l'espace d'exposition en un atlas de trajectoires visuelles et de talismans. Une occasion de s'arrêter dans l'instant et de reconnaître, à travers la fragilité de la photographie instantanée, que la beauté ne peut jamais être pleinement saisie, mais continue de se révéler dans le mouvement.

L’exposition Pierres Blanches de Thomas Dhellemmes est visible à la Galerie Polka à Paris du 14 novembre 2025 au 17 janvier 2026.

Informations pratiques

  • Lieu : Polka Galerie, Cour de Venise, 12 rue Saint-Gilles, 75003 Paris

  • Dates : du 14 novembre 2025 au 17 janvier 2026

  • Horaires d'ouverture : du mardi au samedi, de 11h00 à 19h30

  • Contact : +33 (0)1 76 21 41 30 – contact@polkagalerie.com

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Tous les artistes ne cherchent pas à arrêter le cours du temps : certains le poursuivent comme une bête sauvage, d’autres le traversent comme un fleuve impétueux. Thomas Dhellemmes appartient à cette seconde lignée : sa photographie n’est pas un acte de fixation, mais de mouvement. Il ne fige pas l’instant, il le laisse s’échapper. Il ne le préserve pas, il…