
Tous les parents sont adoptifs : la parentalité comme réponse aux pleurs
Notre époque continue de mesurer la parentalité à l'aune de critères biologiques : le sang, la généalogie, le sexe. Pourtant, ces catégories se révèlent de plus en plus insuffisantes pour décrire l'essence même de ce que signifie « être mère » ou « être père ». Un spermatozoïde ne suffit pas à engendrer un père, un utérus ne suffit pas à engendrer une mère. La parentalité n'est pas une affaire de corps, mais de relations. Massimo Recalcati l'a exprimé de façon radicale : tous les parents sont adoptifs . Non pas parce que l'adoption est l'exception, mais parce que chaque rencontre avec une vie vulnérable est un acte d'adoption. Chaque fois qu'un être humain répond à l'appel d'un autre, la parentalité s'accomplit.
Massimo Recalcati : « Tous les parents sont adoptifs » - Le Meilleur des mondes
Être parent n'est pas un privilège biologique, mais un devoir moral. Ce ne sont pas les liens du sang qui fondent une famille, mais la responsabilité de répondre à l'appel de la vie. Chaque fois que nous choisissons d'accueillir, chaque fois que nous prenons soin d'un autre être, nous devenons pères et mères. La parentalité n'est pas une question de lignée, mais de dignité ; ce n'est pas une question de possession, mais de soin ; ce n'est pas une question de corps, mais de réponse. En ce sens, véritablement, tous les parents sont adoptifs.
La famille n'est pas un acquis naturel ; elle ne repose sur aucun fondement naturel, en ce sens que le lien familial n'est pas un simple lien de sang, une lignée, ni même fondé sur la généalogie. Il faut toujours distinguer les parents biologiques – et donc l'événement biologique de la naissance – du fait de devenir père et mère. La naissance d'un enfant ne détermine pas l'existence d'une mère et d'un père, à tel point qu'un enfant peut être abandonné, négligé, ou qu'un parent peut être incapable d'exercer les fonctions maternelles ou paternelles.
Admettons donc qu'il existe un décalage entre la parentalité en tant qu'événement biologique et la prise en charge des responsabilités qui en découlent : l'adoption est alors nécessaire. Or, l'adoption n'est pas un cas particulier dans les liens de filiation : tous les parents sont adoptifs. En réalité, nous devrions commencer à considérer que la véritable parentalité est adoptive.
Nous avons le geste biblique de Joseph, qui n'est pas le père biologique de Jésus, mais qui est le symbole même, biblique, de la paternité, car il assume la responsabilité d'être un père pour cet enfant et le reconnaît comme le sien. Ainsi, nous disons : ce n'est pas l'événement biologique de la naissance qui établit le lien familial. Le lien familial repose sur un acte de reconnaissance : « Tu es mon fils », c'est-à-dire sur une adoption symbolique. Et tous les parents dignes de ce nom – et pas seulement ceux qui ont mis des enfants au monde – sont des parents adoptifs.
Deuxième point : quand on dit qu'un enfant a besoin d'une mère et d'un père, et que par « mère » et « père » on entend une femme en jupe avec une anatomie féminine, et un homme barbu avec une anatomie masculine, ces personnes devraient venir à mon cabinet, y rester peut-être une semaine, et écouter les catastrophes que les parents hétérosexuels provoquent si fréquemment.
En résumé, l'hétérosexualité des parents ne garantit pas la fonction parentale. La parentalité est toujours complexe. Au-delà du sexe, des liens du sang et de la lignée, il faut retenir que l'existence de deux parents hétérosexuels ne garantit pas la fonction éducative maternelle et paternelle.
Il s'ensuit – et c'est le dernier point qu'il convient de souligner, peut-être dans une école où l'on brandit un crayon rouge – que le fondement de tout lien familial digne de ce nom, c'est-à-dire générateur, positif et bénéfique à la vie de l'enfant, n'est ni la nature, ni la biologie, ni l'hétérosexualité anatomique : c'est l'amour, c'est le respect.
Massimo Recalcati
Au-delà du biologique : la mère comme réponse
La mère ne se définit pas par son corps, mais par sa capacité à répondre. Ce n'est pas la possession d'organes qui fonde la maternité, mais bien l'attention portée aux besoins. En ce sens, la mère est présente chaque fois que la vulnérabilité d'autrui nous interpelle. Levinas nous a appris que l'éthique naît du visage de l'autre, de sa fragilité qui nous appelle. La mère est la figure paradigmatique de cette éthique : non pas celle qui engendre, mais celle qui accueille.
La parentalité comme paradigme universel
Si chaque parent est adoptif, alors la parentalité devient un paradigme universel des relations humaines. Elle concerne non seulement la famille, mais toute forme de responsabilité. Chaque fois que nous prenons soin de ceux qui ne peuvent se défendre, chaque fois que nous répondons à l'appel des plus vulnérables, nous exerçons une forme de parentalité. Arendt parlait de la natalité comme d'un événement politique : chaque naissance est un commencement, une ouverture sur le monde. Mais ce commencement ne peut se réaliser sans quelqu'un pour l'accueillir. La parentalité est donc le visage humain de la natalité : la capacité d'offrir espace et temps à ce qui naît.
Un acte de résistance
Dans un monde qui célèbre l'individualisme et la généalogie comme titres de propriété, affirmer que tous les parents sont adoptifs est un acte de résistance. Cela signifie soustraire la parentalité à la logique de la propriété et la réintégrer à celle du soin. Simone Weil écrivait que le véritable soin consiste à répondre au cri des plus vulnérables. La parentalité, en ce sens, est la forme la plus radicale de soin : un acte fondé non sur les liens du sang, mais sur la responsabilité.
Être mère, être père, ce n'est pas un fait biologique. C'est une rencontre. C'est la capacité de répondre au cri de la vie en détresse. Chaque fois que nous le faisons, nous devenons parents. Non par droit du sang, mais par droit de prendre soin.
La parentalité est donc une tâche universelle qui ne relève pas de la lignée, mais de la dignité. Elle ne relève pas du sexe, mais de la responsabilité. Elle ne relève pas du corps, mais de la réaction.
La famille n'est donc pas un acquis, mais un acte de responsabilité et de reconnaissance. La naissance biologique seule ne suffit pas à établir un lien, car un enfant peut être abandonné, négligé ou rejeté. Ce qui fait d'un homme un père et d'une femme une mère, c'est l'acte d'adoption, à la fois symbolique et concret, qui transforme la vulnérabilité de l'autre en un lien de sollicitude. En ce sens, tous les parents sont adoptifs : non par exception, mais par essence. Le modèle biblique de Joseph, qui reconnaît comme son fils celui qu'il n'a pas engendré, montre que la véritable parentalité repose sur la prise de responsabilité et le fait de dire : « Tu es mon fils . » Ni le sang, ni le sexe, ni la lignée ne garantissent la fonction éducative ; ce qui la soutient, c'est l'amour et le respect, un fondement fragile mais fondamental, qui seul peut rendre le lien familial fécond et digne de ce nom.

C'è una tribù che infesta i nostri salotti e i social network, "una categoria dello spirito" che si nutre di contraddizione e rancore: i "comunisti senza Rolex". Non sono rivoluzionari, non sono idealisti, e nemmeno autentici difensori della giustizia sociale. Sono moralisti di professione, predicatori di un'etica che non nasce da convinzione, ma...
Chaque être humain naît immergé dans un océan de perceptions. La conscience est le premier rivage que nous touchons : un point d'appui fragile qui nous permet de dire « je » au monde. Mais la conscience n'est pas un point fixe : c'est un mouvement, un flux qui se renouvelle à chaque instant. C'est la capacité de reconnaître que nous sommes vivants et que…





